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Congo Today

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1 janvier 2010

La demesure dans le discours du "rais" du 07/12/09

Joseph Kabila serait-il déjà en campagne électorale ?

Comme discours bilan des trois ans de présidence, il est plutôt maigre au vu des attentes suscitées par l’annonce du “contrat chinois” dans l’opinion tant national qu’internationale. En trois ans d’exercice Joseph Kabila devait être capable de démontrer, chiffres à l’appui, les améliorations apportées par ses « cinq chantiers » sur le plan de l’éducation, de la santé, de l’eau, de l’électricité et même des infrastructures pour lesquelles il vante quelques réalisations souvent à la va vite seulement à Kinshasa et à l’Est du pays. Pour bien percevoir les progrès l’on devrait se baser sur les indices de développement humains qui sont plus parlants que la liste des réalisations énumérées dans un discours d’autosatisfaction aux allures de campagne électorale.

Contrairement aux années précédentes, ce discours semble apparemment conçu par des mobutistes qui pullulent dans le sérail du « rais ». C’est l’exemple type de la démagogie et de la propagande avec un langage rodé dans le style du fameux Institut Makanda Kabobi. Dans la forme, ce discours est présenté dans un bel emballage stylistique -quand l’on sait par ailleurs que son lecteur n’a pas toujours été friand d’un tel exercice intellectuel, il appartiendrait plutôt au monde du silence - mais dans le fonds pas grand chose de substantiel n’a été présenté au peuple par rapport aux cinq chantiers (Infrastructures, éducation, eau, électricité, emploi). Le « rais » a donc, par prémonition, prévenu des critiques sur le manque de consistance de son rapport en fustigeant les mises en garde des spécialistes comme si le développement ne peut être susceptible de mesure. Aussi remarquons nous qu’il n’hésite pas à mentionner un indice qu’il croit naïvement lui être lui favorable : un taux de croissance de 2,7% en 2009 qu’il projette à 5,4%. Il y a lieu d’ajouter un bémol lorsque l’on constate, en parallèle, un taux d’accroissement naturel de la population de plus de 3,63% en 2009 (selon statistiques mondiales) a toujours eu une incidence sur la croissance économique et sur le développement. A mon avis il nous faut, à défaut de parvenir à une croissance soutenue à deux chiffres à moyen terme, créer des conditions pour dépasser le chiffre de 7% pendant plusieurs années. Ce qui parait moins réaliste à première vue mais reste du domaine du possible avec la fin de la prédation incarnée par le « rais » lui-même, des contrats léonins (pas de la revisitation), de la corruption érigée en système au sein de toutes les institutions (de la Présidence de la République en passant par le Gouvernement jusqu’au Parlement et l’appareil judiciaire), des tracasseries administratives et policières qui entretiennent le mauvais climat des affaires.

Peuple oublié, Peuple délaissé, Peuple floué

Dans son discours, le « rais » s’est beaucoup plus illustré dans l’annonce de quelques réalisations qui constituent une goutte d’eau par rapport aux vrais défis à relever sur le plan social que dans l’étalage des actions coordonnées suivant un plan bien établi .  Sur le plan concret la population continue à subir les conséquences de la mauvaise gouvernance héritée des années mobutu et pérennisée par le régime kabila. Parallèlement au décor planté dans ce discours très applaudi dans l’hémicycle, dehors c’est l’envers du décor : les hôpitaux publics manquent de tout et sont devenus à la fois mouroirs et prisons ou l’on retient les anciens patients insolvables, le personnel soignant est sous payé et impayé, la majorité de la population n’a d’accès ni à l’eau potable ni à l’électricité, les écoles publiques sont à l’abandon et les enseignants ne sont pas payés régulièrement, les fonctionnaires de l’Etat sont impayés.  Et le peuple attendait du discours présidentiel des réelles solutions aux maux qui gangrènent la société congolaise malade de ses dirigeants en panne de vision. 

Devant tel tableau sombre, un gouvernant doit se garder d’afficher la moindre autosatisfaction à cause de la misère dans laquelle est plongé tout un peuple suite une coupable incurie. Il malheureux de voir qu’au plus sommet de l’Etat l’on se réjouit d’être qualifié de pays PAUVRE très endetté. Voila comment la médiocrité est devenue la règle et l’excellence l’exception. Kasa Vubu, Lumumba et Laurent Désiré Kabila n’auraient jamais prononcés une telle phrase devant le peuple. Nous pouvons tout perdre sauf notre fierté …

Le paradis de l’impunité 

Dans son discours d’investiture le 06 décembre 2006, avait annoncé la fin de la recréation avec en toile de fonds la fin de la corruption. Le 21 août 2008, c a d plus de huit mois, Réveil FM résumait la gouvernance kabiliste en RDC de la manière suivante : "Je pioche, tu pioches, il pioche, nous piochons et nous nous régalons de la misère du peuple congolais ".  Un mois auparavant, lorsque le Potentiel faisait suite au rapport de la Cour des Comptes en titrant : « Congo-Kinshasa, Opération Mains Propre ! », les congolais s’étaient mis à rêver d’un environnement sans impunité. Ils ont vite déchantés puisque les fameux troubadours et vautours continuent à jouir de bonnes grâces présidentielles. Le self service dans la caisse de l’Etat et la corruption sont des « disciplines sportives » pratiquées autant par la famille politique que la famille biologique du Chef de l’Etat qui constituent des véritables pouvoirs parallèles. Lutter efficacement contre la corruption et mettre fin à l’impunité reviendrait à dire que le « rais » prenne le courage politique de démanteler ces pouvoirs parallèles. Ce qui n’est pas envisageable dans la perspective des élections de 2011 lorsque l’on connait la propension des politiciens congolais au retournement d’alliances et au clientélisme. Il risque de voir son AMP voler en éclat et de jouer sa facile « réélection »  (avec un score stalinien, cette fois-ci!) en 2011. Le Philosophe congolais Ka Mana qualifie l’attitude irresponsable de la classe politique congolaise en ces termes : « Quand des élites politiques se mettent elles-mêmes à s'enrichir de manière indue et à devenir prédateurs dans leur propre pays tout en courant partout au monde pour chercher des financements en vue de construire des infrastructures de base pour le développement, un mot vient vite aux lèvres pour caractériser cette attitude: idiotie. » (KA MANA)

L’opération « tolérance zéro » bat de l’aile après son lancement et s’est transformée en règlement des comptes et chasse à la sorcière contre ses adversaires politiques, les militants des droits de la personne et la presse. La population attendait voir les Jean Claude Masangu, Katumba Mwanke, Kalume Numbi, Kasongo Shomari et autres personnes mises en cause dans les différents rapports répondre devant la Jusitice.

Un régime dangereux pour les libertés individuelles

Pourquoi le « rais » n’a pas présenté son bilan sur le plan des libertés et du progrès en matière de démocratie ? Il sait qu’il est nul, pire il y a régression avec la traque menée contre les activistes des droits de la personne, les meurtres des journalistes et les intimidations à l’endroit des membres de la société civile.

Sous Joseph Kabila, la RDC est devenue l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes. Les auteurs des crimes ne sont souvent ni jugés ni même recherchés ou condamnés. C’est le cas des affaires Franck Ngyke, Bapwa Muamba, Serge Maheshe, etc.

Les membres de la société civile sont mis au frais subissent des traitements dégradants> C’est le cas de Me Firmin Yangambi, accusé de fomenter un mouvement armé, Golden Misabiko, écroué pour avoir dénoncé la fraude et l’exportation illégale des minerais, le pasteur Kutino dont le péché a été d’éveiller les congolais pour prendre leur avenir en main. La liste n’est pas exhaustive puisque bon nombre d’anonyme sont victime de la répression à l’abri de témoins indépendants.

L’étau répressif s’étant sur tous les plans et a eu raison de l’opposition politique qui est privée de parole. Les quelques téméraire en ont fait le frais avec des traitements dégradants et des tentatives d’assassinats. C’est le cas de Gabriel Mokia et Christian Badibangi, pour ne citer ceux-ci.

Peu de temps après son arrivée au pouvoir en 2001, le « rais » avait juré, la main sur cœur, avoir ferme tous les cachots et autres lieux de détention parallèles et avoir mis fin à la pratique ignoble de la torture. Dix ans après, la torture et autres traitements dégradants sont systématiquement pratiqués par tous les agents de l’ordre et les lieux de détention tels que « Kin Maziere », ANR, DEMIAP échappent complètement à l’autorité judiciaire et dépendent directement du « rais ».

Vous comprenez aisément pourquoi le « rais » a été peu bavard sur le fonctionnement de sa « justice » et de son « Etat de droit ».

Que faut-il encore attendre de Kabila en 2010 ?

Que faut-il encore attendre de quelqu’un qui n’a  pas de vision de grandeur de son pays, fut-il président ? Sinon perdre encore du temps alors que le monde progresse avec la bonne gouvernance, le progrès social, scientifique et technologique. Les quelques kilomètres de routes et les infrastructures inachevées seront agités comme preuves de travail commencé pour justifier un mandat à vie sans garantie de progrès pour le peuple puisque le développement doit être centrée sur l’homme. Faut-il encore perpétuer l’amateurisme, le clientélisme, le népotisme et le despotisme au sommet de l’Etat ? Faut-il attendre qu’un descendant de colon remarque à notre place les gouvernants congolais actuels sont « inappropriés » ?

Dix de pouvoir ont suffit pour user le « rais ». Nous assistons à la montée en puissance du mobutisme. La main mise de Kabila sur toutes les institutions du pays est effective comme a l’époque du parti-Etat : il ne se passe plus un jour ou le « rais » vient installer son bureau au palais du peuple en plein débat sur la motion de censure du gouvernement, reprend le contrôle des finances publiques en lieu et place du gouvernement, change (par députés interposés) le bureau de l’Assemblée Nationale.

A la question de savoir si Kabila est l’homme de la situation, un de ses mentors avait répondu en 2006 par oui. Mais il ne l’est plus depuis qu’il trahit toutes les victimes de la guerre en signant des accords secrets avec leurs bourreaux, les troupes rwandaises, les invitant à opérer sur le sol congolais sans informer le parlement avec comme conséquence le déplacement de la population et son remplacement par des « refugiés » qui retournent. Des hordes de Mbororo occupent le Nord de la Province Orientale sans rendre compte à la DGM du motif de leur séjour. La LRA et les FDLR sèment la désolation parmi la population congolaise sans que l’armée congolaise ne les inquiète sérieusement. L’Angola se permet des excursions répétées avec son armée en territoire congolais et exploite illégalement les ressources naturelles de la RDC.

La RDC est devenue une grande prison à ciel ouvert pour le peuple qui a soif de la justice, du changement de leadership. Mais « Joseph » est déjà en campagne électorale. Faut-il attendre 2011 ? Le peuple congolais a besoin d’alternance « démocratique » ou pas.

Bonne année 2010 !

Benjamin Tshibamba

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